• Bernard Gauthier

    GRENOBLE – Parc Paul Mistral – Jeudi 11 Novembre 1943.

     

    Ce jour là, des milliers de Grenoblois manifestent pour  commémorer le vingt-cinquième anniversaire de l’armistice de 1918. Un jeune homme, drapeau tricolore en main, se hisse au sommet du monument des « Diables Bleus ».

     

    Cette manifestation, bien que pacifique, constitue pour l’occupant une véritable provocation, et elle va vite se teinter des couleurs du drame lorsqu’une soldatesque  allemande surexcitée cerne le site à l’aide de barbelés, installe des mitrailleuses

    en batterie, et procède à la rafle systématique de près de quatre cents patriotes,

    qui sont après quelques jours de détention  expédiés au camp de COMPIEGNE.

     

    Trois mois plus tard, « le jeune homme au drapeau », Bernard GAUTHIER s’embarque pour un voyage du genre de ceux dont l’on ne revient pas, direction l’Allemagne et ses camps de la mort. Avec une centaine de compagnons de misère, il est entassé dans un wagon à bestiaux. Il  va connaître la faim, les affres de la terrible promiscuité, et la soif, une soif telle qu’elle vous conduit à lécher les planches du wagon pour y trouver un peu d’humidité …

     

    Il veut sortir de cet enfer. Alors, à coups de poings, de mains, de toutes ses forces,

    il attaque frénétiquement, à s’en arracher la peau et les ongles, le bois du plafond du wagon … A force de pousser, il parvient enfin, avec l’aide de quelques uns de ses camarades, à le trouer, puis le forcer, tout en restant les bras pendus pour ne pas tomber à la renverse sur le plancher ….

     

    Et puis, on ne se rappelle plus bien comment, sur le coup de trois heures du matin, on réussit à s’extraire de l’infernal wagon, entre LONGWY et LONGUYON, et à échapper aux feux croisés qui partent des trois miradors qui coiffent le convoi.

    Après, ce sera une folle carapate, les « planques » de fermes en gares, avec la complicité admirable des cheminots locaux. Puis, au bout de cette folle  errance, arrivera enfin le jour lumineux des retrouvailles avec sa bonne ville de GRENOBLE et ses mère, père et frère. 

     

    Ces séquences dramatiques défilent - elles dans son esprit alors qu’il roule en forcené en direction des Deux – Ponts, en ahanant des « Non … Non … » pathétiques ?  En ce dimanche d’été 1956, il est en train de réussir sur le circuit routier de l’autodrome une évasion d’un tout autre genre que celle qui lui a fait éviter l’enfer sur terre treize années auparavant …   

     

    Lorsqu’il passe quelques instants plus tard en vainqueur la ligne d’arrivée,  nombreux sont ceux qui  pensent que le populaire « Nanar » est, plus que quiconque, habilité à se vêtir de bleu -blanc -rouge.  Et beaucoup  se rappellent alors l’histoire glorieuse et tragique de ce 11 Novembre 1943 ...  

     

    Oui, en sacrant  le populaire « Nanar », c’est bien un peu la France de la Résistance, la France du courage et du sacrifice, que l’on a honoré ce 1er Juillet 1956 sur le plateau de Saint – Eutrope …


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  • critérium national 1961

    «  Jacques ANQUETIL ? …  Ah oui … Le rouleur quine lâche jamais personne ! … ».

     

    Francis PELISSIER, « Le Grand », « Le Sorcier de Bordeaux - Paris » avait commis un jour cette formule imprudente  pour parler de son ancien poulain … Lui, le roi des aphorismes définitifs, des formules pittoresques et indiscutables, lui le Grand Sachem ès-cyclisme, capable de juger mentalement de l’ écart d’une échappée sur un peloton à la seconde près, s’est pourtant lourdement fourvoyé ce jour là …

     

    Car en ce 2 Avril 1961, maussade et tourmenté à souhait, le phénoménal normand va réaliser sur l’anneau de vitesse de l’autodrome un de ses plus fameux coup de force, et méduser, en même temps que ses pairs pédalants qui n’en pourront mais, les observateurs et le public présents ce jour là sur l’autodrome.

     

    Hélas, Francis PELISSIER n’est plus au bord du circuit pour assister à cet exploit en forme de démenti cinglant. Il a quitté cette terre deux années auparavant, emportant pour toujours avec lui les folklores et les secrets d’un certain cyclisme, truculent, picaresque, parfois sulfureux, mais toujours héroïque.

     

    De toutes façons, s’il avait été là pour assister au récital donné sur le plateau de Saint – Eutrope par le merveilleux champion normand, nul doute qu’il ne se serait pas « dégonflé », et  qu’il aurait trouvé une formule à l’emporte – pièce, aussi définitive que celle du « rouleur qui ne lâche jamais personne »  pour célébrer les qualités sans nombre de celui qu’il avait,

     un jour d’automne 1953, exposé sur les routes de la Vallée de Chevreuse aux yeux d’un monde cycliste ébloui, tel un magicien sortant un lapin de son chapeau …

      

     

    Le récit de ce drôle de Critérium National de la Route 1961 dans

    «  L ’épopée du cyclisme sur l’autodrome de Linas – Montlhéry ».


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  • Accueil

    Ce championnat de France, il ne peut pas échapper à René LE GREVES … Le torrentueux breton a proprement atomisé les pelotons en cette entame de saison 1935 …  Le Critérium National … Paris – Tours … Le Circuit du Morbihan … Le Circuit de Paris … Il tout a gagné, à la régalade,  à chaque fois comme en se jouant en leur infligeant son inexorable déboulé final. Dans ces circonstances, c’est peu dire qu’il est le favori de cette édition 1935.

     

    D’ailleurs, lorsqu’il débarque sur l’autodrome, il est bardé de confiance et de morgue, et annonce en matamore à qui veut l’entendre que la côte Lapize, eh bien, il la grimpera chaque tour en tête ! Le titre de champion de France, il en fait son affaire, et c’est comme s’il était déjà dans sa poche ...

     

    En fait d’affaire, elle va être du genre chaude … Très très chaude … A s’en brûler les doigts.

     

     

    A mariolle, mariolle et demi. Car le Pantinois Georges SPEICHER, s’il a accompli une campagne de printemps moins clinquante  que celle du torrentueux Breton, se sent pour sa part au sommet de sa condition en ce beau dimanche de Juin. Et lui aussi se verrait bien, et pas qu’un peu, dans la peau d’un champion de France. Et pour le faire connaître,  il déclare avant le départ au micro de Georges BRIQUET qu’il se verrait bien lui répondre tout à l’heure « Je suis bien content d’avoir gagné ! ».

     

    René LE GREVES, sur la ligne de départ, se fend d’un petit rictus en entendant ces paroles,

    et commence à affûter ses couteaux …

     

    Un fabuleux bras – de - fer vient de s’engager, qui va déboucher sur une édition épique 

     

     

    Le récit du championnat de France 1935  dans

    «  L ’épopée du cyclisme sur l’autodrome de Linas – Montlhéry ».


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  • Accueil

    Cela fait un moment qu’il « tourne autour », Camille DANGUILLAUME.

     

    En 1947, pour l’édition des retrouvailles avec l’autodrome, le champion tourangeau avait mal ajusté son tir, et terminé à la troisième place, à une portée de fusil du duo NERI – DESSERTINE, qui allait se disputer la victoire. En 1948, il avait manqué l’immanquable. Pensez donc,  à quatre de la maison Peugeot en vue de la banderole d’arrivée, il avait trouvé le moyen, lui et ses deux « beaux – frères – équipiers », de se faire « arranger » par l’inattendu César MARCELAK.  En 1949, il était l’indiscutable numéro 1 du peloton français, mais était encore passé à côté du sujet, terminant second, mystifié, lui comme beaucoup d’autres,

    par l’Avignonnais Jean REY.

     

    Alors, dans cette édition 1950, il jouera sa chance. Toute sa chance. A fond.

    D’ailleurs, ce dimanche 18 Juin, il n’a commis aucune faute, et s’est placé dans le « bon coup », un trio de rêve, constitué d’ Antonin ROLLAND, Louison BOBET et lui-même. Au sein de ce groupe, chacun abat sans rechigner sa part de besogne forcenée sous le cagnard.

    Oui, cette fois, il la tient, sa chance, le bon, le valeureux  Camille !.

     

     

     

    Car avec deux compagnons de cette trempe, çà ne peut qu’  « aller au bout ». D’accord, il est le moins bon grimpeur des trois, mais même si son coup de pédale a semblé un peu plus pesant dans l’avant-dernière montée de  Lapize écrasée de soleil, il  reste qu’il s’accrochera « à la mort », avec toute sa proverbiale énergie pour ne pas perdre le sillage des deux autres.  Et lorsqu’il basculera au sommet à leur contact, il leur livrera le sprint de sa vie.

     

    Camille DANGUILLAUME en est à ces pensées lorsqu’il dépasse les tribunes avec ses deux compagnons d’échappée et aborde le virage de l’anneau de vitesse. Autour de lui, les motos de presse s’affolent en essaim frénétique. Il ne peut pas voir à ce moment le nuage noir qui va soudainement recouvrir de sa masse lugubre le plateau de Saint - Eutrope …

     

     

    Le récit du championnat de France 1950 et les interviews

     d’Antonin ROLLAND et Emile IDEE  dans

    «  L ’épopée du cyclisme sur l’autodrome de Linas – Montlhéry ».


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  • championnat de France 1997

    TOUR DES FLANDRES … PARIS – ROUBAIX … On lui a « filouté » ces deux belles classiques, à notre Frédéric MONCASSIN national … Avec   deux victoires de ce calibre, il se serait installé définitivement dans le Gotha du cyclisme international …  Et au lieu de cela, en ce printemps 1997 un peu bizarre, s’aligne désormais au bout de ses sprints une déprimante litanie de secondes places …

     

    Cette poisse au long-cours, « Fred » entend bien lui tordre le cou, à l’occasion du championnat de France, qui retrouve le chemin de l’autodrome après trente  - six éditions d’infidélité.

     

    Alors, lorsque dans l’ultime ascension de Lapize, il fond littéralement, au terme d’un effort époustouflant, sur les deux échappés du jour, Christophe AGNOLUTTO et Pascal HERVE, chacun, qu’il soit au bord du circuit ou devant son écran de télévision,  est persuadé que Frédéric MONCASSIN va se rembourser en bleu blanc et rouge de ses absurdes déboires du printemps …

     

     

    Derrière le trio, à quelques encablures, un coureur est persuadé du contraire.

    Il s’appelle Stéphane BARTHE. Il est un peu le « poulain » de « Fred », qui l’a pris sous son aile depuis le début de son entrée dans le monde des « pros ».

    Il pense contre toute raison que « Fred » a perdu … et il est sûr que c’est son heure qui vient de sonner 

     

     

    La ligne d’arrivée est en vue  … La suite dans :

    «  L’épopée du cyclisme sur l’autodrome de Linas – Montlhéry »


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